Edem Gbétoglo

Trois leçons à tirer du match entre la France et l’Allemagne de l’Euro 2016

schweinsteiger et Pogba à la fin du match France Allemagne
schweinsteiger et Pogba à la fin du match : europe1.fr

J’ai suivi avec attention la demi-finale de l’Euro 2016 entre les deux grandes nations européennes le 7 juillet dernier. Le jeu de l’équipe de France m’avait séduit, et pour la première fois depuis le début de la compétition, la France me semblait convaincante, vu sa victoire de deux buts à zéro (2-0), j’en ai donc tiré trois leçons qui peuvent être utiles à toute personne.

Avoir un objectif clair 

Nul besoin de vous rappeler que la France est la nation organisatrice de l’Euro 2016. Juste pour cela, l’équipe nationale française de football s’est donnée pour objectif de remporter cette coupe. Saviez-vous qu’en 1984 (je n’étais même pas programmé naître), la France avait soulevé la coupe d’Europe alors qu’elle était organisatrice ? Cette année, l’objectif est défini, elle veut dessiner le même schéma. Avoir un objectif est primordial dans tout projet, le process suit après.

description imagée de la détermination
Crédit image : fr.dreamstime.com

Avoir de la détermination et une stratégie

Pourquoi certains projets voient le jour, et d’autres meurent avant même que le soleil ne se couche ? Mettons de côté toute considération hasardeuse, sans stratégie et détermination, vous n’y arriverez pas. L’entraîneur de l’équipe de France, Didier deschamps a eu à réadapter sa stratégie de jeu après le match nul contre la Suisse. On a beau bien se préparer, il y aura probablement des choses qui ne marcheront pas. Il n’y a pas de stratégie toute faite, juste des stratégies décapotables.

La France est déterminée, elle veut aller loin, elle y est presque.

Décider de gagner

Il y a une grande différence entre se battre et décider de gagner. Pour prendre la décision de gagner, il faut avoir médité sur la question, mis les pions sur la table de jeu et avoir la foi en sa victoire. Le seul fait de décider vous permet d’entrevoir de loin la victoire, « ça y est, je peux l’avoir, je vais l’avoir, je l’ai », diriez-vous. L’équipe de France s’est mise dans la peau du gagnant, et elle continue son petit bonhomme de chemin vers le Saint Graal.

Equipe de France contre l'Allemagne Euro 2016
Equipe de France Euro 2016 : lequipe.fr

L’équipe de France est en partie composée de noirs, et alors ?

Je ne vais point me lancer dans ce débat stérile sur la couleur de peau ou l’origine des joueurs de l’équipe de France, je trouve cela dépassé bien que des séquelles existent toujours. Ils sont peut-être noirs ces français, mais ils nous montrent de fort belle manière qu’obtenir une chose que l’on désire ne se décrète pas.

Il ne s’agit pas de rester dans un coin et de prier Dieu d’insuffler de la positivité aux dirigeants ou aux coachs, il s’agit d’être soi-même positif, de se battre, de se préparer aux obstacles, de définir une stratégie « décapotable » (sait-on jamais) et de décider en son for intérieur de gagner et les batailles et la guerre.

Rien n’est acquis dans ce monde lorsque nous parlons de projets. Tirez des leçons utiles de toute situation aussi rocambolesque soit-elle au lieu de développer des inepties sur les réseaux sociaux. Retroussez les manches, tombez, relevez-vous et marquez vos coups de tête comme le fait l’équipe de France.

Cordialement.


Nous pouvons acheter des films africains en ligne avec AfricaFilmstv

Nombreux sommes-nous à suivre des films et séries africaines sur les chaînes A+, Nollywood ou rti. Il nous arrive d’avoir cette envie d’acquérir une série africaine pour y revoir certains détails croustillants au calme sur notre laptop, mais nous ne savons comment nous la procurer. Nous finissons par nous résigner tout en guettant les rediffusions. Il a fallu discuter avec un ami de longue date, Cedric Schadrach, Chanel Manager, community manager à AfricaFilmstv, pour me rendre compte qu’il y a un site agrégateur de contenus 100% africains.

Cedric Schadrach au bureau
Schadrach Cedric A : Chanel Manager à AfricaFilmstv

Connaissez-vous AfricaFilmstv, promoteur des œuvres cinématographiques africains ?

AfricaFilms.tv est un site de Video On Demand (VOD) dédié aux films africains, aux films sur l’Afrique, aux films de la diaspora. Il est agrégateur de  contenus 100% africains, en termes de vidéos, films documentaires, d’animations, longs et courts métrages et de la musique. Site de téléchargement payant légal, accessible depuis le monde entier, AfricaFilms garantit des revenus équitables aux producteurs africains. Il leur propose en outre des services exclusifs et gratuits, leur permettant notamment de créer des sites web intégrant leur propre boutique VOD. Il est possible de louer ces films à moins de 5 dollars ou les acheter pour une durée indéterminée à moins de 10 dollars. AFRICAFILMStv fait partie des tout premiers partenaires Premium Publisher de Google Senegal avec des chiffres d’affaires intéressants pour la promotion de ces œuvres cinématographique africaines.

Visuel AfricaFilmstv
Crédit image : AfricaFilmstv

AfricaFilmstv veut démocratiser l’achat de films africains en ligne sur le continent africain

La mayonnaise de l’e-commerce au Sénégal n’a pas autant pris que beaucoup l’espéraient. Bien qu’en 2015, 1 millions de sénégalais aient acheté en ligne, il demeure « assez difficile » pour la population d’acheter en ligne. La faute n’est pas seulement au faible taux de bancarisation au Sénégal (15%), mais également aux habitudes d’e-commerce qui ne sont malheureusement pas développées en Afrique subsaharienne. Ainsi, le partenariat entre AfricaFilms et Paydunya est salvateur pour les cinéphiles. Il faudra sensibiliser la population sur l’avantage de passer par Paydunya pour se procurer un film sur AfricaFilmstv, étant donné que le consommateur n’a aucunément besoin d’avoir un compte bancaire pour effectuer cette opération.

Cartes de crédit et livraison
Crédit : Teranga Web

Quelles conclusions faut-il en tirer ?

Selon les statistiques de Jumia sur les modes de paiement, 95% des sénégalais utilisent le paiement après la livraison. Cela traduit encore une fois le faible taux de bancarisation et la crainte des consommateurs à payer en ligne.

Par ailleurs, nombreux sont les acteurs et artistes africains qui se plaignent des pirateries et des différentes malversations qui se font dans le milieu du cinéma et de la musique. Les populations sont en accord avec leur plainte, mais que font-elles pour les aider à sortir la tête de l’eau ? Et quid des autorités, telles les ministères de la culture ? Imaginez-vous que selon les statistiques montrant les tendances e-commerce au Sénégal réalisées par Jumia, les cinéphiles sont en tête avec 6,64% de l’activité totale du commerce électronique dans le pays. Ne serait-il donc pas préférable d’acheter les films et les albums des acteurs du cinéma et de la musique, au lieu d’attendre de se les procurer auprès d’un de nos contacts au marché noir ? Nous achetons des gadgets électroniques à 300.000 F CFA (près de 460 euros), mais nous trouvons trop chers des films qui coûtent entre 7 et 15 dollars (moins de 10.000 F CFA et de 13 euros).

Nous sommes également disposés à nous procurer des contenus occidentaux, mais lorsqu’il s’agit de contenus africains, nous trouvons cela « trop suspects et chers ».

Il est temps de penser autrement, de se laisser influencer par d’autres habitudes sans toutefois tomber dans la dépendance, de permettre aux acteurs culturels de vendre à profit ce qu’ils ont eu à produire. Nul besoin de vous rappeler l’impact positif d’une telle situation sur l’économie de la zone UEMOA. Nous avons l’opportunité de voir développer des initiatives pouvant permettre à l’économie d’avoir le vent en poupe, mais nous n’arrivons pas à transcender des habitudes ancrées en nous. La même situation s’observe dans l’achat de livres électroniques en Afrique. Nous voulons par exemple nous procurer l’e-book SuperWomen d’Ibuka Ndjoli et Sakina Traoré, mais gratuitement. Faisons des efforts afin de permettre aux innovations africaines en ligne de prospérer.

Cordialement.

 


La rationalisation des partis politiques au Sénégal

L’univers politique africain a été empreint de tribulations sociopolitiques qui, avec le temps, ont métamorphosé la configuration des partis politiques, que ce soit dans l’espace francophone ou anglophone. Le fonctionnement de ces partis dans les années des indépendances jusqu’à nos jours a évolué d’une manière vertigineuse, de même que leur nombre. Un parti politique est une organisation politique regroupant des citoyens ayant une certaine idéologie ou certains idéaux en commun, et cherchant à obtenir le pouvoir dans le but de gouverner selon leurs principes.  Au Sénégal comme au Cameroun ou au Togo et dans la plupart des pays au Sud du Sahara, la démocratie s’est installée dans un contexte de luttes historiques. La liberté d’exprimer ses opinions est devenue ce gage de démocratie qui développa la création de partis politiques. Bien évidemment, dans les années 1970, il y avait à peine cinq partis politiques dans les pays africains. Le Sénégal, le Ghana, ou encore le Togo en sont des illustrations parfaites, mais les concepts du respect des principes démocratiques et des droits de l’Homme donnèrent le coup de salve à la prolifération des partis politiques, sans mettre sous éteignoir le désir des populations de se débarrasser des régimes monocratiques.

La question qu’il convient dès lors de se poser est de savoir s’il ne serait pas plus pratique d’encadrer la création des partis politiques voire leur fonctionnement, afin d’instaurer un univers politique plus sain et moins « encombrant ». Aussi faut-il souligner que, plus les partis politiques au Sénégal sont responsables et suivent les procédures législatives idoines, plus les populations se retrouveront dans leur politique, et plus le jeu politique sera mieux respecté.

Partis politiques au Sénégal
Crédit image : moda-international.org

Notre analyse dans ce billet s’articulera autour des perspectives de rationalisation des partis politiques au Sénégal, de la rationalisation juridique qui s’impose et de la nécessité d’une rationalisation politique. Dans le contexte politique actuel au Sénégal, avec les législatives de 2017 et les présidentielles de 2019 en vue, il va de soi qu’une rationalisation des partis politiques contribuerait à une stabilité du jeu politique.

  • Une rationalisation juridique vitale

Les creusets juridiques sur le statut et le fonctionnement des partis politiques au Sénégal justifient la nécessité de rationaliser celles-ci, ou plutôt leur statut.

Selon l’Article 4 de la Constitution Sénégalaise, « les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils sont tenus de respecter la Constitution ainsi que les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Il leur est interdit de s’identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion, à une secte, à une langue ou à une région. Les conditions dans lesquelles les partis politiques et les coalitions de partis politiques sont formés, exercent et cessent leurs activités sont déterminées par la loi. ». Aussi la création d’un parti politique au Sénégal répond-elle à une procédure de déclaration préalable, situation qui oblige l’autorité publique à jouer un rôle passif. Elle délivre le récépissé après avoir enregistré la demande de la personne, sans aucun pouvoir d’autorisation ou de refus de ladite demande.

Pour permettre une meilleure structuration des partis politiques, il serait plus convenable qu’il y ait une autorisation préalable conférant au parti politique sa personnalité politique, comme c’est le cas au Cameroun ou en Guinée. Cette procédure d’autorisation préalable permet à l’administration d’opérer un contrôle a priori des demandes de création de partis politiques.

Ensuite, la constitution sénégalaise ne prend pas en compte la création de coalitions de partis politiques alors que l’univers politique sénégalais en regorge, d’où la nécessité de consacrer constitutionnellement cet autre aspect des partis politiques pour pallier à l’insuffisance de l’encadrement des formations politiques.

Nonobstant la rationalisation juridique nécessaire à un meilleur encadrement des partis politiques, une rationalisation politique s’avère tout aussi primordiale pour un univers politique plus sain au Sénégal.

  • De la nécessité d’une rationalisation politique

Comme l’a dit Louis Blanc, « ce qui effraie le plus dans les partis, ce n’est pas ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils négligent ou refusent de dire. ». Du Sénégal au Cameroun et au Congo en passant par le Togo, le nombre de partis politiques a été multiplié par dix. Toute personne veut créer un parti politique, toute personne en crée pour véhiculer ses idées sans toutefois avoir les bases théoriques de l’exercice politique. Ce qui fait défaut en Afrique, c’est justement ce piètre savoir politique et cette méconnaissance de la politique en elle-même. Aussi les partis politiques restent-elles d’une certaine manière une façade pour des individus égoïstes d’où le manque de relation et de cohésion entre les premiers et leurs partisans. Notons que le clientélisme et le patronage restent les formules de persuasion qu’utilisent le plus souvent les partis politiques, quoique ces formules trouvent des failles dans le sens où l’électeur peut recevoir les Tee-shirts d’un parti et voter pour un autre. D’où viennent donc ces failles ? La stratégie du clientélisme est-elle la meilleure ? Le fonctionnement des partis politiques de nos jours n’est-elle pas sujette à discussion, au point de susciter au niveau des partisans ce manque de confiance qui les pousse à ne pas savoir à quel saint se vouer dans cet imbroglio de formations politiques ?

Nombre de partis politiques au Sénégal
Crédit photo : senenews.com

Parvenir à limiter le nombre de partis politiques sans enfreindre la liberté d’association garantie par la Constitution Sénégalais est un idéal auquel souhaiteraient parvenir les partis politiques eux-mêmes, afin de pouvoir mieux participer à l’animation de la vie politique. Aussi, en tenant compte des clivages socioculturels, la rationalisation des partis politiques demeure-t-elle une nécessité.

Moins il y a de partis politiques, plus leur organisation et leur fonctionnement seront plus efficaces. Le multipartisme n’est point une mauvaise idée, loin de là, mais l’encadrer s’avère plus bénéfique pour les partis politiques et le peuple. Les partis politiques jouent un rôle prépondérant dans le choix d’élites politiques, dans la détermination des idéaux de la jeunesse voire dans l’animation politique de leur pays, ce qui contraint l’arène politique à développer des solutions idoines pour une meilleure prise en compte des valeurs politiques.

La rationalisation n’est pas seulement à exécuter sur le plan juridique et politique, mais elle est aussi nécessaire sur le plan idéologique, concernant la pertinence des idéaux et de la philosophie des partis politiques.

S’il faut rationaliser le statut des partis politiques sans instaurer le financement égalitaire, sans rationaliser la politique citoyenne elle-même, la rationalisation restera vaine.

La combinaison de facteurs tels que les orientations idéologiques, des traditions, de l’ethnicité avec en toile de fond les aptitudes personnelles des leaders du parti politique, rend celui-ci différent d’un autre. C’est à travers cet ensemble que la rationalisation se fera d’elle-même sur le plan fonctionnel et idéologique avant d’arpenter ceux juridique et politique qui seront plus formels.

Cordialement.


Faire régulièrement un bilan de santé évite l’automédication hasardeuse

Il était 14h, ils attendaient les résultats des examens médicaux. Ils étaient impatients, cela se lisait sur leur visage crispé. Leur fils était plus loin, caché derrière un poteau à l’ombre des arbres. Son visage innocent était assombri par la crainte des résultats d’analyses qu’attendaient ses parents. Un médecin sorti de la salle des examens et se dirigea vers les parents, le cœur du garçon battait la chamade. « Monsieur, je voudrais discuter avec votre femme un instant svp », dit le médecin. Quelques minutes passèrent, le verdict était connu : la maman avait un cancer du foie à 50 ans. Triste nouvelle, troublante information, le petit garçon était effondré, le cancer était à un stade avancé. Il passa en filigrane toutes les fois où la maman avait décliné la proposition de se faire faire un bilan de santé depuis une dizaine d’années. Quelques semaines après, sa maman rendît l’âme, son foie n’avait pas tenu. Le papa s’approcha de son fils et lui dit : « fais un bilan de santé régulier, annuel ou biennal, et quel qu’en soit le prix. La santé mérite qu’on y accorde de l’attention car elle n’a pas de prix ».

Il prit en compte les conseils de son père. Quelques années après, du haut de ses 20 ans, il décide de faire un bilan de santé dans un hôpital public de Dakar. Il prit donc rendez-vous pour une consultation médicale. Nous appellerons le jeune garçon Mohamed, et le médecin Joe.

Le médecin Joe : Bienvenue M. Mohamed, de quoi souffrez-vous ?

Le patient Mohamed : Bonjour, je ne suis pas malade, je voudrais me faire faire un bilan de santé.

Le médecin Joe : Pourquoi ?

Le patient Mohamed : Pourquoi ? (l’air stupéfait). Cela fait plus d’un an que je n’en ai plus fait.

Le médecin Joe : Cela va vous coûter trop cher de faire un bilan complet alors que vous n’êtes pas malade. Peut-être aviez-vous le palu ?

Le patient Mohamed : Mais je ne suis pas malade, je voudrais juste avoir une vue globale de mon état de santé en faisant un bilan.

Finalement le médecin céda après une heure d’entretien, de questions, de persuasion et de contre-propositions. Cela m’amena à me poser un certain nombre de questions :

  • le bilan de santé est-il soumis à une preuve de maladie ?
  • Le coût d’un bilan de santé en Afrique décourage -t-il  les patients à en faire annuellement ou du moins assez régulièrement ?
  • Que font les médecins pour sensibiliser les patients sur les avantages et les inconvénients (s’il y en a) de la fréquence du bilan de santé ?

Pendant que certains préconisent de faire un bilan de santé à titre préventif , d’autres pensent au contraire qu’il faut prendre en compte un certain nombre de facteurs.

Hôpital Principal à Dakar et bilan de santé
Crédit Photo : leral.net

Il faut avouer qu’en Afrique subsaharienne, ce n’est point dans notre culture de se faire faire un bilan de santé annuel ou encore quinquennal. Nombreux sont ceux qui te diront qu’ils n’en voient pas du tout l’intérêt, de même que pour le dépistage du VIH… « Pourquoi se faire faire un check up alors qu’on n’est pas malade ? A quoi cela rime », se disent-ils.

N’y a-t-il pas là un manque de sensibilisation ? Les médecins n’ont-ils pas le devoir d’informer les patients sur les avantages d’un bilan de santé ?

Où en est la Couverture Maladie Universelle (CMU) ?

D’aucuns diront par ailleurs que le bilan de santé est réservé aux personnes nanties. Les bilans de santé en Afrique subsaharienne varient entre 40.000 F CFA (61 euros) et 200.000 F CFA (305 euros), cela dépend de la structure sanitaire (privé ou public). Le togolais qui gagne 100.000 F CFA par mois, ou le sénégalais qui gagne 300.000 F CFA par mois, pourra-t-il, après avoir payé ses charges, se faire faire un bilan de santé ou en faire à ses deux ou trois enfants ?

La problématique du bilan de santé nous amène à parler de sujets comme le smic et les mesures politiques pour démocratiser la couverture de santé. Où en est donc le Règlement n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, adopté par le Conseil des ministres de l’UEMOA ? Où en est la Couverture Maladie Universelle au Sénégal, au Togo et dans la sous-région ? Difficile de répondre à cette question, car la mise en œuvre de ce programme rencontre des problèmes d’ordre structurel et organisationnel. Néanmoins, le Sénégal essaie tant bien que mal de s’en sortir avec un CMU « incertain ». Cette situation en entraîne une autre.

L’automédication, une préoccupation majeure ?

Après un bilan de santé, se soigner après avis du médecin
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L’automédication n’est pas méconnue des africains, il est arrivé à plusieurs d’entre nous d’avoir eu recours à des médicaments sans la prescription d’un médecin. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier cette décision : médicaments de la pharmacie trop chers par rapport à ceux qui sont vendus dans la rue, bilan de santé trop cher et jugé pas important pour certains, consultation relativement chère (consultation comprise entre 2000 et 4000 F CFA dans le public, 10.000 et 20.000 F CFA dans le privé), du coup, pour toutes ces raisons, certaines personnes préfèrent devenir leur propre médecin.

Il y a tout de même des avantages, mais il y a aussi des inconvénients à ne pas négliger. Je me souviens encore d’une émission de Priorité Santé sur l’accès aux médicaments en Afrique, dans laquelle un  des invités précisait que « prendre des antibiotiques de façon aléatoire crée de la résistance à long terme pour le patient ». Combien lisent la notice d’un produit, combien prennent le temps de demander l’avis d’un médecin à propos des symptômes qu’ils ressentent ? Comme le dit souvent ma mère, « la santé n’a pas de prix », il est en effet préférable d’investir pour son bien-être, car sans la santé, on ne peut vaquer à ses occupations.

Je ne suis pas médecin, je suis un citoyen africain qui voudrait une meilleure prise en charge du patient par le médecin, un meilleur système de santé, des médecins plus perspicaces et également des patients plus conscients.

Cordialement.