Et si l’action collective en Afrique passait par les « influenceurs »?

Article : Et si l’action collective en Afrique passait par les « influenceurs »?
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7 mars 2017

Et si l’action collective en Afrique passait par les « influenceurs »?

Nous n’allons pas revenir sur les différentes théories des uns et des autres concernant les « influenceurs », je ne vais pas me permettre de les critiquer d’ailleurs. J’ai lu l’article de mon cher ami Hamidou Anne titré les « influenceurs » africains ne servent à rien:que les jeunes fassent de la politique, et celui du web entrepreneur ivoirien Israel Yoroba que j’apprécie bien, dont le titre est certains « influenceurs » africains servent à changer la société.

Je suis plutôt ravi qu’il y ait des « influenceurs » africains, du moment où ils pourront servir la société. Je pense qu’il y a plusieurs manières de faire de la politique, ou plutôt, de servir la société face aux politiques. L’Afrique a besoin de ces personnes qui sauront être non seulement des références mais également des « leaders ». Je mets ce dernier mot en exergue parce qu’il a été tellement galvaudé ces derniers temps qu’il ne semble plus signifier grand chose. Mais dans le contexte actuel, il reprend ses droits et s’impose.

Les « influenceurs » sont peut-être la nouvelle forme de professionnalisation de l’action collective en Afrique.

C’est également une manière de s’investir en politique, ou de faire de la politique. Ronald Inglehart faisait déjà référence en 1977 aux revendications post-matérialistes dans son œuvre The Silent Revolution. Il est clair que les nouveaux mouvements sociaux ainsi que la professionnalisation de l’action collective à travers le recours aux experts (Michel Foucault et Pierre Bourdieu nous en diront tant) et au numérique (Manuel Castells, « la Galaxie Internet », 2001) sont au cœur des actions politiques, qu’elles soient en Afrique ou en Occident.

Je suis d’ailleurs tenté de définir les « influenceurs » africains, pas comme une marque, mais plutôt comme un Groupe d’Intérêt se rapprochant du modèle néo-corporatiste.

Dans ce contexte, le Groupe d’Intérêt est reconnu par le pouvoir politique comme représentatif d’un secteur ou d’une cause. N’est-ce pas peut-être le cas actuellement? Cette reconnaissance n’est-elle peut-être pas implicite? Les « influenceurs » africains devraient en profiter et asseoir une légitimité, pas seulement virtuelle, mais également concrète et sur le terrain. Je pense qu’ils sont déjà des acteurs de la société civile (d’autant que beaucoup d’entre eux sont des blogueurs), ils ne peuvent plus s’y soustraire.

Le plus important, c’est l’éthique

J’insiste et je le répète. Sans l’éthique et sans le respect des règles fondamentales, nous aurons autant de leaders qu’il faudra en Afrique, mais ceux-ci reproduiront les mêmes erreurs que leurs aînés. Qu’il s’agisse de jeunes devant faire de la politique ou d’influenceurs qui peuvent être/sont utiles pour changer la société, ils se doivent d’avoir des valeurs et des principes. Lutter pour des causes nobles et dignes, ne pas se faire corrompre par des marques (oui, ça pourrait arriver), éviter de drainer les abonnés (pour les influenceurs) ou le peuple (pour les jeunes politiques en devenir) vers des luttes sans fondement et qui ne servent que leurs intérêts.

Il faut mériter son statut (au-delà du nombre d’abonnés ou de followers), c’est ce que l’on attend de tout acteur (issu de la politique ou de la société civile).

Cordialement.

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Commentaires

LuminuX
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Superbe billet, encore que l'exposé de ces règles fondamentales soit clairement déterminé, et défini. Je partage cette opinion.

Edem Gbétoglo
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Merci mon frère.