Edem Gbétoglo

Sénégal/Togo : trois facteurs essentiels pour l’amélioration de la vie politique

Il y a quelques semaines j’ai publié la première partie de l’enquête auprès des étudiants sénégalais et togolais sur la problématique de l’émergence d’une nouvelle élite politique en Afrique Francophone. Selon cette étude que j’ai réalisée auprès d’étudiants (togolais et sénégalais) entre 20 et 26 ans de Juillet à Octobre 2015, 51% des enquêtés estiment ne plus s’intéresser à la politique. J’ai donc cherché à en savoir plus sur les recommandations que peuvent faire les jeunes togolais et sénégalais à l’endroit des leaders politiques pour l’amélioration de la vie politique.

A la question « Que proposeriez-vous pour le changement et/ou l’amélioration future de la vie politique de votre pays », trois modalités ont été proposées afin de cerner les avis des étudiants. Ainsi, il ressort que près de

25% des enquêtés proposent un changement de l’élite politique actuelle,

24,3% proposent l’assainissement des finances publiques,et

38,4% pensent que l’amélioration future de la vie politique doit passer par une meilleure formation politique de l’élite dirigeante.

L’émergence d’une nouvelle génération de leaders signifie la promotion d’élites rassemblant plusieurs compétences, telles que la compréhension des discours sur le développement social et économique, des connaissances liées aux nouvelles technologies de l’information, celles-ci devenant un socle sur lequel se greffent nombre de projets de développement, et des valeurs de développement telles que l’équité, la probité, l’éthique, la bonne gouvernance et la gestion équitable des richesses disponibles.

Afin de favoriser une émergence propice, ces nouvelles élites intellectuelles doivent être très bien formées et instruites.

Quelle place accorder à l’éducation politique dans les pays de l’Afrique subsaharienne Francophone?

Mais qu’en est-il de l’importance de l’éducation politique et de l’instruction politique des jeunes étudiants dans ces deux pays? Comment fournir une meilleure formation politique de l’élite dirigeante, conformément à la recommandation des jeunes enquêtés?

Parmi les étudiants sénégalaisenviron 3 sur 4 (76,8%) pensent que l’étude de la science politique doit être prise en compte dans l’éducation des jeunes, et 95,2% des étudiants togolais ont répondu par l’affirmative à cette question.

Nous avons tenu à faire la différence entre « instruction » et « éducation », bien que les deux notions se rejoignent. Nous concevons que l’éducation politique peut comprendre deux interventions, d’une part, celle des parents, des amis, bref de l’entourage, ce qui fait référence à l’éducation stricto sensu; et d’autre part, celle des enseignants/professeurs et donc de l’environnement institutionnel, ce qui fait référence à l’instruction.

A la question de savoir si les cours de science politique doivent être pris en compte dans les programmes d’enseignement, 80% des étudiants sénégalais ont répondu par l’affirmative. Quant aux étudiants togolais, la quasi-totalité (95%) est totalement d’accord pour l’intégration de cours de science politique dans les programmes d’enseignement.

Ces niveaux d’approbation ou d’avis positif sur la question démontrent du désir que les étudiants ont d’en savoir plus sur la politique et l’histoire de leur pays.

Dans le même prolongement d’idées, nous avons tenu à connaître le niveau d’études qui conviendrait à l’intégration des cours de Sciences Politiques comme le montre le tableau ci-dessous.

 

Nationalité

Niveau d’étude   TOTAL
Primaire Secondaire_1 Secondaire_2 Supérieur Non réponse
Togolaise 0,0 23,8 61,9 9,5 4,8 100,0
Sénégalaise 1,1 12,6 37,9 28,4 20,0 100,0

Enquête de terrain ; juillet-octobre 2015 – Résultats de nos recherches

Quand faut-il commencer à parler de politique avec les jeunes ? A quel moment de leurs études faut-il les initier aux concepts afin qu’ils en soient familiarisés ?

A cette interrogation, 37,9% des étudiants sénégalais pensent que la science politique doit être intégrée dans les programmes scolaires dès le lycée, 28,4% proposent plutôt le niveau supérieur (université) comme cadre d’enseignement de cette discipline. Pendant ce temps, près de 62% des étudiants togolais proposent que les cours de science politique soient intégrés dès la seconde partie des études secondaires, c’est-à-dire au lycée.

En prenant en compte les deux nationalités, environ 2 étudiants sur 5 (40,8%) pensent que le lycée est l’environnement éducatif par excellence pour des cours de science politique, pouvant donc permettre aux jeunes de cerner les concepts politiques plus tôt, d’identifier les comportements politiques et de se familiariser avec la sphère politique de leur pays avant d’entamer les études universitaires.

De l’intégration des débats politiques dans les lycées

Une première idée est d’introduire la notion de débat politique dans les lycées, afin d’initier les jeunes élèves à l’expression d’opinions personnelles. Un débat sur un thème de société choisi au hasard par trimestre, permettra non seulement aux jeunes de partir d’une idée générale vers le particulier, mais les obligera aussi à dépasser la limite de leurs impressions et expressions personnelles, et à aller au-delà en se mettant dans la peau de l’autre qu’on ne connaît pas, qu’il soit riche, pauvre, d’une religion différente ou pas. Ensuite viendra le moment  où les positions des partis politiques se feront connaître, afin de favoriser un débat ouvert et dans le respect.

Cette proposition peut paraître utopique, mais elle fait suite à un constat que j’ai fait.

Il est difficile pour nos leaders politiques actuels de tenir des débats politiques sur un plateau de télé sans littéralement s’insulter. Il est clair qu’ils n’ont pas été habitués à débattre en public avec interdiction préalable d’insulter leurs contradicteurs.

L’idée est de « responsabiliser » les jeunes actuels afin qu’ils soient de meilleurs leaders que ceux actuels. Comment les responsabiliser ? En leur permettant par exemple de tenir des meetings dans les universités et écoles, de participer aux campagnes avec de réels arguments politiques et sociaux. Ainsi, l’initiation en amont des jeunes africains aux débats politiques dans les lycées favoriserait une préparation de la relève politique.

De l’intégration des cours de sciences politiques dans les programmes scolaires

Cette recommandation est liée à la précédente, dans la mesure où elle fait référence à l’intégration de cours de sciences politiques dans les programmes scolaires.

Si les jeunes sont avertis et instruits sur les concepts de sciences politiques, cela aura une incidence favorable sur les débats politiques, « ils sauront ce qu’ils disent, ils sauront quoi dire et comment le dire ».

Aussi faut-il remarquer que les programmes scolaires en Afrique Francophone sont plus focalisés sur l’Europe, les États-Unis et l’Asie que l’Afrique. Il est remarqué que l’histoire de l’Afrique est méconnue des jeunes africains, et cette situation ne leur permet pas ainsi qu’aux leaders actuels de défendre convenablement leurs opinions, face à des occidentaux qui maîtrisent mieux l’histoire de l’Afrique que les africains eux-mêmes.

Une conclusion de ce dossier vous sera servie dans les jours à venir. Mais, que pensez-vous de ces recommandations faites par les jeunes étudiants sénégalais et togolais? Pensez-vous qu’elles soient fondées et justifiées?

N’hésitez pas à laisser vos avis et suggestions en commentaires.

Au plaisir.


Sénégal/Togo : 51% des jeunes estiment ne plus s’intéresser à la politique

Lors de mon séjour de deux années à Dakar au Sénégal (2013 à 2015), j’ai eu l’occasion de vivre la politique sénégalaise et d’analyser au loin la vie politique togolaise. J’ai donc décidé de Juillet à Octobre 2015 de faire une enquête auprès des étudiants sénégalais et togolais sur la problématique de l’émergence d’une nouvelle élite politique en Afrique Francophone. J’éprouvais le besoin de connaître l’avis des jeunes sur la vie politique de leur pays, le renouvellement de la classe politique ou encore l’engagement politique. Dans cette étude, je me suis focalisé sur les jeunes étudiants (sénégalais et togolais) entre 20 et 26 ans. Les questionnaires ont été administrés à 200 étudiants, dont 100 sénégalais et 100 togolais.

Pourquoi cette tranche d’âge?

Selon les résultats définitifs du recensement général de la population et de l’habitat de l’agriculture et de l’élevage, le rapport définitif de l’enquête présentée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie du Sénégal (ANSD) en 2014, montre une importante jeunesse sénégalaise. Ainsi, l’âge moyen de la population est de 22,4 ans et l’âge médian de la population est de 18,7 ans. Ainsi, ces résultats ne sont pas loin de ceux du Cameroun, un autre pays de l’Afrique Francophone, dont l’âge médian est de 17,7 ans et l’âge moyen de 22,1 ans. En 2012, l’âge médian de la population togolaise était de 19,5 ans. Ces résultats sur les jeunesses sénégalaise et togolaise, prouvent à dessein que les politiques ont un devoir de faire participer les jeunes aux décisions politiques.

Qui est défini comme « jeune » et qui se considère comme « jeune »?

Vu les considérations qui varient selon les milieux sociaux et culturels, nous appellerons donc « jeunes » deux catégories de personnes; la première sera constituée de ceux qui sont toujours au domicile familial ou qui sont sous le joug de la famille (16-20ans), et la seconde sera constituée de ceux qui ont (peut-être) quitté le domicile familial assez jeune mais qui n’ont pas encore terminé leur cursus universitaire (20-23ans) voire qui sont toujours au domicile familial mais qui n’ont pas encore un emploi stable rémunéré (23-25ans).

La notion de jeunesse pouvant englober des variables sociales et culturelles, il convient de préciser ici que l’étude prend en compte le rôle social, les responsabilités et les attentes.

Le thème de la Journée Mondiale de la Jeunesse de l’année 2015 va d’ailleurs dans le sens de la participation politique de la jeunesse : « l’engagement civique de la jeunesse ». Il est  conforme la déclaration de la Directrice Générale de l’UNESCO, Irina Bokova, selon laquelle les jeunes doivent avoir une place privilégiée.

Le poids électoral des jeunes est parfois négligé des politiques en Afrique francophone. Moins il y a de jeunes qui votent, plus le taux d’abstention demeure élevé lors des élections présidentielles ou législatives. Cette situation a été observée au Togo lors des dernières élections présidentielles d’Avril 2015. L’abstention des jeunes prouve tout simplement la frustration de la plus grande partie de la population togolaise, et j’avais tenu à l’expliquer dans un de mes billets.

L’intérêt des jeunes pour la politique

Selon les résultats de notre étude réalisée de juillet à octobre 2015, 51% des jeunes (les deux nationalités confondues), estiment ne pas s’intéresser à la politique, bien que la moitié des jeunes interviewés affirme suivre de près les débats politiques. 38% des jeunes togolais ont répondu ne pas s’intéresser à la politique et le pourcentage de sénégalais ayant choisi la même modalité de réponse est de 55%.

Et la raison principale évoquée par ces jeunes pour justifier leur désintérêt de la politique de leur pays se résume en une phrase : « la politique telle qu’elle est appliquée de nos jours ne m’intéresse point ».

Quid de l’engagement politique des jeunes?

Une grande majorité d’étudiants ont déclaré ne militer pour aucun parti politique. Près du tiers des étudiants qui ne militent pas pour les partis politiques  évoquent comme raison que les partis politiques ne leur inspirent plus confiance. Au Sénégal, les partis politiques sont au nombre de près de 250 et plus. Cette multitude de partis ne permet pas aux jeunes de faire confiance aux leaders, et donc demeurent réticents.

Ainsi, près de 63% des interviewés affirment ne vouloir intégrer aucun parti politique.

Quant à la question de savoir ce que leur inspirent les partis politiques, le doute et la méfiance ont été les propositions de réponses les plus choisies.

Selon les conclusions de cette étude, les jeunes s’intéressent aux débats politiques, et donc aux politiques menées par leurs leaders, mais ont du mal à s’engager. Notre étude s’inscrit dans la même logique que celle de l’Institut de sondage Afrobaromètre en 2015. Notre étude a été réalisée avant la libération de Karim Wade au Sénégal en 2016. Il faut également remarquer que Khalifa Sall semble être en 2017 la nouvelle figure politique dans laquelle se retrouve un certain nombre de sénégalais. Toutes ces situations ont peut-être eu un impact sur les avis qu’ont les jeunes sénégalais de la politique de leur pays en 2017, ou pas. Au Togo, il n’y a pas eu d’événements majeurs comme ce fut le cas au Sénégal, mais il faut noter que le malaise social de la population semble encore assez persistante. Toutes ces situations peuvent changer les données actuelles, aussi bien dans le bon que dans le mauvais sens.

Dans le but de permettre aux politiques et aux futurs élites de ces deux pays d’améliorer leurs politiques, l’étude a pris en compte les propositions et suggestions faites par les interviewés en 2015. Les résultats de cette partie de l’étude vous seront livrés dans un prochain billet.

Et vous, quelles propositions feriez-vous aux leaders politiques du Togo et du Sénégal, afin de leur permettre d’aller dans le bon sens et d’impliquer plus la jeunesse dans les politiques? Comment faire des jeunes des personnes engagées positivement dans la politique de leur pays?

PS : Merci à ce jeune juriste togolais de l’UCAD, à ce sociologue togolais de l’Université de Lomé et à cette enseignante-chercheuse en France, dont les apports à cette étude ont été déterminants.


Ce qu’il faut retenir du premier débat présidentiel en France

Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, et les autres…

Les candidats à la Présidentielle française sont toujours outillés en arguments, ceux de 2017 le sont encore plus lors de ce débat présidentiel. Nous avons eu droit à des échanges, des remises à niveau, à des railleries subtiles (Ah sacré Mélenchon) et également à des paroles « rayées » (Marine, oh !!! Marine).

Bénoît Hamon et François Fillon
De la gauche vers la droite, Bénoît Hamon et François Fillon.
Source: www.non-stop-politique.fr

Bénoît Hamon et Fillon, que dire de vous ?

Je ne sais pas ce que je pourrais bien dire des deux candidats, respectivement de la Gauche et de la Droite. En analysant leurs idées et leurs propos lors de ce débat présidentiel, il faut avouer qu’il n’y a pas réellement de surprises. François Fillon, il est assez difficile de lui faire confiance à présent, vu les accusations qui pèsent sur lui. Notre cher Bénoît est calme, posé (un peu comme François Hollande à l’époque contre Sarkozy), défend ses idées sans s’emporter. C’est un candidat idéal a priori (pas forcément LE candidat idéal).

Marine Le Pen
Marine Le Pen
Source: ouest-france.fr

Marine Le Pen, le combat fut dur, on te l’accorde

Notre candidate favorite (c’est quand même Marine) n’a pas réellement été à la hauteur de mes attentes lors de ce débat présidentiel. Elle aurait pu mieux faire. Bah oui Marine, tu aurais pu mieux faire, n’est-ce pas ?

Pour ma part, ses idées ne semblent pas vraiment réalisables. Elle dit peut-être ce que beaucoup de français voudraient entendre, elle dit peut-être ce que certains français pensent tout bas, c’est possible. On sent qu’elle met dans un même panier, l’immigration et la laïcité. Lorsqu’elle dit également qu’il faut empêcher d’autres migrants d’aller en France et empêcher toute forme d’immigration, on sent qu’elle ne connaît pas les besoins et la dépendance de la France à l’égard de ces migrants tant aimés. Il faut également se demander si elle a mesuré l’étendue de l’applicabilité d’une telle décision, on ne le saura qu’après le début de son mandat à la tête de l’Etat français, enfin, si elle y parvient.

Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon.
Source: France 24

Pragmatique et vertueux Mélenchon

Il tient des propos assez taillés sur mesure ; il n’hésite pas à dire lors de ce débat présidentiel que l’immigration est une responsabilité que doit porter la France ; il n’hésite pas à relever la responsabilité des Puissances (La France y compris) dans les guerres, celles-ci étant l’une des plus importantes causes des déplacements forcées depuis ces dernières années. Il ne se voile pas la face, il dit les choses telles qu’elles sont et les présente telles qu’elles devraient être. Il n’est pas hypocrite, selon mon analyse. Et surtout, il aurait pu être accepté dans Jamel Comédie Club (rire).

Cependant, on a parfois l’impression qu’il ne vise pas vraiment la Présidence, qu’il est juste dans la course pour faire connaître ses idées.

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron
Source: medias-presse.info

Et Macron marcha sur l’eau sans glisser dans la mer

Défini comme le « Judas Iscariote » de la Gauche, il tient debout. Je pense que sa stratégie de communication fait de lui le candidat le plus surprenant de la Présidentielle 2017 en France. Il a construit son nid en faisant connaître ses idées par jet, il s’est construit une notoriété à travers sa manière de répondre et de contourner les questions avant et pendant ce débat présidentiel.

Je n’ai pas de préférence parmi ces candidats, chacun a défendu ses idées et ses positions comme il l’entend. Jean Luc Mélenchon et Macron semblent tout de même plus confiants dans leur élan de parole par rapport aux autres candidats. Ils semblent avoir des idées « évolutives », même si l’on retrouve deux ou trois choses qui se recoupent dans les projets de tous les candidats. 2017 réserve des surprises, car jusque-là, il est un peu difficile de se prononcer. De toute façon, se fier aux sondages n’est plus à la mode.

Et vous, avez-vous aimé le débat? Qui préférez-vous?


Et si l’action collective en Afrique passait par les « influenceurs »?

Nous n’allons pas revenir sur les différentes théories des uns et des autres concernant les « influenceurs », je ne vais pas me permettre de les critiquer d’ailleurs. J’ai lu l’article de mon cher ami Hamidou Anne titré les « influenceurs » africains ne servent à rien:que les jeunes fassent de la politique, et celui du web entrepreneur ivoirien Israel Yoroba que j’apprécie bien, dont le titre est certains « influenceurs » africains servent à changer la société.

Je suis plutôt ravi qu’il y ait des « influenceurs » africains, du moment où ils pourront servir la société. Je pense qu’il y a plusieurs manières de faire de la politique, ou plutôt, de servir la société face aux politiques. L’Afrique a besoin de ces personnes qui sauront être non seulement des références mais également des « leaders ». Je mets ce dernier mot en exergue parce qu’il a été tellement galvaudé ces derniers temps qu’il ne semble plus signifier grand chose. Mais dans le contexte actuel, il reprend ses droits et s’impose.

Les « influenceurs » sont peut-être la nouvelle forme de professionnalisation de l’action collective en Afrique.

C’est également une manière de s’investir en politique, ou de faire de la politique. Ronald Inglehart faisait déjà référence en 1977 aux revendications post-matérialistes dans son œuvre The Silent Revolution. Il est clair que les nouveaux mouvements sociaux ainsi que la professionnalisation de l’action collective à travers le recours aux experts (Michel Foucault et Pierre Bourdieu nous en diront tant) et au numérique (Manuel Castells, « la Galaxie Internet », 2001) sont au cœur des actions politiques, qu’elles soient en Afrique ou en Occident.

Je suis d’ailleurs tenté de définir les « influenceurs » africains, pas comme une marque, mais plutôt comme un Groupe d’Intérêt se rapprochant du modèle néo-corporatiste.

Dans ce contexte, le Groupe d’Intérêt est reconnu par le pouvoir politique comme représentatif d’un secteur ou d’une cause. N’est-ce pas peut-être le cas actuellement? Cette reconnaissance n’est-elle peut-être pas implicite? Les « influenceurs » africains devraient en profiter et asseoir une légitimité, pas seulement virtuelle, mais également concrète et sur le terrain. Je pense qu’ils sont déjà des acteurs de la société civile (d’autant que beaucoup d’entre eux sont des blogueurs), ils ne peuvent plus s’y soustraire.

Le plus important, c’est l’éthique

J’insiste et je le répète. Sans l’éthique et sans le respect des règles fondamentales, nous aurons autant de leaders qu’il faudra en Afrique, mais ceux-ci reproduiront les mêmes erreurs que leurs aînés. Qu’il s’agisse de jeunes devant faire de la politique ou d’influenceurs qui peuvent être/sont utiles pour changer la société, ils se doivent d’avoir des valeurs et des principes. Lutter pour des causes nobles et dignes, ne pas se faire corrompre par des marques (oui, ça pourrait arriver), éviter de drainer les abonnés (pour les influenceurs) ou le peuple (pour les jeunes politiques en devenir) vers des luttes sans fondement et qui ne servent que leurs intérêts.

Il faut mériter son statut (au-delà du nombre d’abonnés ou de followers), c’est ce que l’on attend de tout acteur (issu de la politique ou de la société civile).

Cordialement.