Education au Togo : jusqu’où descendrons-nous ? (4)

Article : Education au Togo : jusqu’où descendrons-nous ? (4)
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21 juillet 2016

Education au Togo : jusqu’où descendrons-nous ? (4)

J’emboîte les écrits de mes confrères Marek, Eli et Renaud sur ce sujet épineux qu’est l’éducation au Togo. Il est important de relever que le Togo a été (il l’est toujours d’ailleurs) un excellent élève de la colonie française. Au Togo, nous sommes d’excellents théoriciens, Socrate serait peut-être un lointain parent du pays. Des universités publiques aux universités privées, il n y a point de réelle différence à mon humble avis. L’essentiel est d’avoir la moyenne de 10, éliminer la matière et passer en classe supérieure. Tous les moyens sont donc bons pour y arriver : la tricherie n’est plus traditionnelle avec des bouts de feuille circulant dans la salle, elle est devenue moderne avec les fichiers pdf et les applications sur les smartphones.

Nous ne sommes pas des robots : la formation théorique, c’est bien, mais celle pratique est encore mieux

Depuis le cycle primaire, il nous est donné de bûcher les cours et de les restituer telle qu’ils nous ont été livrés. Je me souviens de toutes les difficultés rencontrées au cours primaire en classe de CM2. La directrice se déplaçait en personne pour suivre en live « les élucubrations » de ses élèves, un véritable orchestre sans aucune masturbation intellectuelle. Ce fut le même scénario en classe de 3ème. Je fus fort étonné lorsque je foulai le sol universitaire, car je croyais que le scénario serait différent.

Les enseignants et professeurs se doivent d’orienter leurs cours vers des cas pratiques adaptés à la cible. Il serait temps de nous en dire plus sur les Grands Hommes qui ont marqué l’Afrique, de faire connaître aux étudiants juristes togolais des décisions de justice de leurs tribunaux, de faire connaître aux élèves les modes de gouvernance que les communautés traditionnelles togolaises utilisaient et la mutation qui s’en est suivie. Suite à de tels développements, plutôt que d’avoir des examens où l’apprenant devra « déverser » au sens propre du terme ce qu’il aura lu et compilé dans sa matière grise, il serait fort préférable de mettre sur pied des mises en situation qui feront de l’apprenant un acteur du cours, et non un spectateur-restituteur.

Par ailleurs, le système éducatif n’apprend pas aux apprenants à développer leurs capacités et aptitudes, mais à cristalliser leur formatage. Il serait fort intéressant de s’interroger sur des modules relatifs à la culture de valeurs morales et éthiques à intégrer dans le système éducatif. Cela aurait pu se faire plus aisément si les cours d’éducation civique et morale n’avaient pas été supprimés du cursus. Il convient de souligner à ce niveau de la lecture que l’éducation n’équivaut pas seulement à l’instruction.Vous comprenez par là qu’il ne suffit pas de savoir lire et écrire, mais de faire de ses acquis un outil de prise de conscience et de développement.  Dans ce cas, les parents ne devraient-ils pas jouer un rôle primordial dans l’éducation des enfants? Dans le même ordre d’idées, allier instruction et éducation au Togo doit être pris en compte par les acteurs (instituteurs, professeurs, parents).

Pour paraphraser Rabelais, instruction sans éducation n’est que ruine de l’âme.

Les apprenants ont besoin de se faire éduquer, aussi bien dans les institutions scolaires qu’en famille. Il est temps qu’un travail de fond soit fait. Les autorités compétentes doivent associer les institutions d’enseignement scolaire et universitaire, les parents ainsi que les jeunes, pour un plan stratégique clair, précis, concis, qui prend en compte les réalités du pays.

Quid de la connectivité et de l’utilisation de whatsapp ?

Nombreux sommes-nous à fustiger les élèves et étudiants togolais concernant l’utilisation de whatsapp. Cette application est devenue la source des malheurs et des échecs des élèves au baccalauréat deuxième partie. Mais le problème n’est-il pas ailleurs ? Combien sont les élèves et les étudiants au Togo qui ne feraient pas des recherches sur Google si la connexion internet le permettait ? Beaucoup se limitent aux communications sur whatsapp parce qu’ils n’ont guère le choix. Nul besoin de rappeler combien une bonne connexion internet à moindre coût, serait fort utile pour les élèves et les étudiants. J’en profite pour interpeller encore une fois Madame la Ministre des Postes et de l’Economie Numérique, Cina Lawson. Cependant, faire de whatsapp un outil d’éducation citoyenne est une autre paire de manches que les « Pères Fouras Togolais » devraient analyser.

La méthode de mise en situation peut être mise en œuvre dès le cycle primaire, avec l’accord des autorités compétentes. Intégrer donc un certain nombre de postulats dans le système éducatif ne doit plus être à l’étape de questionnement, mais de réflexion et d’action. La période de latence doit prendre fin, il nous appartient à présent de prendre une décision, pas pour nous, mais pour nos enfants.

Cordialement.

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Commentaires

Paki
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C'est triste!!! Et le drame, c'est que les acteurs font semblant ne pas voir le problème. La période de latence doit vraiment prendre fin! Assez, les dérobades!

Edem Gbétoglo
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Ce qui est certain, c'est qu'ils en ont conscience. Il faut à présent dessiner le plan d'action et se lancer

renaudoss
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C'est vrai, le massacre continue, même (surtout) à la Fac. ( à forcer de faire les bûcherons comme ça, on n'aura bientôt plus d'abres! MDR )

Edem Gbétoglo
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loooooolllll renaud

Kekeli Biam
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Belle analyse... Seulement, mon pays n'est pas encore assis politiquement pour avoir une réflexion mûrie sur la chose éducative... Ça désole mais on y peut rien... L'avènement de whatsapp, facebook, twitter,...montre l'allure de l'évolution du monde mais selon moi, il y a un problème d'adaptation des ces innovations à nos quoditiens.. Qu'est-ce que cela coûterait à l'État de faire une émission hebdomadaire sur les NTIC? De former des formateurs (enseignants) pour recadrer les relèves (élèves, étudiants, apprentis,. . . ) sur la bonne utilisation des nouveautés ? Chinu Achebe l'a si bien soulevé vers la fin de "le monde s'effondre" que "ce bateau qu'est le Nigeria abord duquel nous naviguons tous est entrain de faire naufrage... ". Prenons garde.

Edem Gbétoglo
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La formation des enseignants est très importante en effet, une épine dorsale du système éducatif au Togo

Goussi
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Je dois vous parler de toute urgence d'un sujet qui me tient à cœur.