Edem Gbétoglo

7 hommes, un pays, un peuple : un peu de sérieux au Togo !

Ce billet est co-écrit avec un ami togolais, doctorant en économie.

Le 22 février 2020, le peuple est appelé à arbitrer un combat électoral entre 7 hommes au Togo. Le peuple togolais aspire indéniablement à une alternance politique. Le Togo dirigé depuis 1967 par un seul parti, qui a su se réinventer pour rester à l’air du temps, de paraître plus attractif pour la jeunesse, reste de loin le seul pays d’Afrique subsaharienne n’ayant pas connu de changement dans la gestion de l’Etat. Cette envie de “nouveau” dépasse quelque bilan que l’on pourrait dresser pour les quarante années de gouvernance exercée par l’actuel parti au pouvoir. Cela devient encore plus pressant que les pays voisins ont fait et continuent de faire l’expérience d’une alternance politique continue.  Et les conditions de vie des populations viennent davantage accroître ce besoin d’alternance politique. Pour rappel, le PIB par habitant au Togo était de 620 USD en 2017 (pour une moyenne de 2 250 USD par habitant en UEMOA la même année). Le Smig est passé à 35 000 Xof en 2016 pour s’aligner sur ce qu’applique les autres pays de l’UEMOA depuis plusieurs années – la plus récente réforme en la matière a été faite par le Sénégal qui l’a porté à 50 000 xof (voir le country assessment).

Un départ volontaire de l’actuel Pouvoir, comme en République Démocratique du Congo, ouvrirait certainement la voie à une telle alternance.

Présidentielles 2020

Qu’à cela ne tienne, une alternance pour l’alternance ne réglera pas tous les problèmes du Togo. Il est nécessaire aujourd’hui pour le Togo qu’importe celui (ou celle) qui gère le pays d’avoir une vision claire.

Il faut que les conditions sociales s’améliorent ; que l’économie soit attractive,  compétitive et créatrice d’emplois ; que les hôpitaux publics puissent soigner à moindres frais, que les écoles et universités togolaises puissent donner aux jeunes togolais les compétences pour leur permettre d’être compétitifs et s’insérer aisément dans le monde professionnel local et international ; que les togolais puissent avoir accès à un habitat décent et que les zones rurales ne se sentent plus déconnectées des réalités du pays. Mais, cette mission, il ne faudrait pas la confier au premier venu.

Si les gouvernants actuels ne clarifient pas leur position quant à leur vision pour le pays, ceux qui veulent leur succéder n’apportent non plus aucune alternative crédible. Sur quelle base devrait-on alors les départager ? Sur quelle base veulent-ils que les togolais prennent parti et fasse l’arbitre dans une élection qui prend des airs d’élection de chef de classe ? Ils lancent chacun de grandes idées et espèrent être au pouvoir pour étudier ce qu’ils pourraient faire pour la santé, l’éducation, l’économie, etc.

Simulation de débat télévisé.

Les problèmes du Togo sont connus de tous, peine perdue de les énumérer. Ce que les populations demandent en revanche, ce sont des solutions, des réponses qui éclairent sur les politiques publiques qui vont être mises en œuvre dans les cinq prochaines années pour ne serait-ce qu’améliorer un seul secteur. Combien d’enseignants seront recrutés, à quel horizon et pour quel objectif ? Concernant la réforme du secteur informel : quelle mesure pour quel résultat ? Concernant le manque de médecins dans les hôpitaux, quelle stratégie pour quels résultats à long terme ? Pour la réforme fiscale et la lutte contre la corruption, etc… autant de sujets qui font débat, souvent soulevés par les politiques aspirant à la gestion du pays. Seulement, il demeure difficile à quatre jours des dites élections de percevoir ce qu’ils comptent faire pour résorber ces différents problèmes. 

Où veut-on en venir dans ce billet?

Impossible de mettre la main sur un programme ou un projet de société qui détaille point par point les ambitions, les mesures et les objectifs à long terme des différents candidats pour le Togo. Nous avons pris le soin d’analyser le programme de tous les candidats. Des mesures y ont été proposées sans stratégie claire de mise en œuvre par exemple. Ce manque aurait pu être comblé autrement par un débat télévisé entre les candidats ou encore une stratégie de communication plus présente auprès des populations. Parlant du débat électoral, la Télévision publique Togolaise (TVT) a initié pour cette année un cycle de débats où les candidats ont dû se soumettre à une série de questions qui leur permettait d’exposer leur vision et leur futur politique pour le pays. Ce fut une perte de temps. Loin de maîtriser les véritables difficultés du pays et les grands enjeux régionaux, les différents candidats font état d’un manque cruel de vision crédible susceptible de convaincre qui que ce soit. Un pays ne devrait pas être dirigé par tâtonnement. Pour un pays d’à peine 57000 km2 et moins de 7 millions d’habitants, un exercice de prospectives ne devrait pas être si complexe à réaliser. Informer les électeurs avec des données chiffrées serait déjà une démarche rassurante, plus convaincante que de s’appuyer sur la seule aspiration des populations pour une alternance politique. Échanger avec les électeurs des cinq régions (ce qui sous-entend que les candidats leur permettrait au minimum de leur poser des questions) en maîtrisant leurs réalités aurait permis un rapprochement réel. Il ne s’agit pas de faire des propositions écrites dans un document sur lequel on n’a d’ailleurs pas assez communiqué, mais il s’agit surtout de notre point de vue de démontrer et d’expliquer à la population les outils et les stratégies de mise en oeuvre desdites propositions. Voilà pourquoi il était important pour les candidats de se confronter lors d’un débat, ce qui les aurait au moins obligé à mieux se préparer, à mieux maîtriser leur propre programme après avoir pris le temps de lire le programme des autres candidats. Cet exercice est primordial pour des élections présidentielles ayant pour socle les programmes des candidats, surtout dans le cas togolais où les débats politiques n’y sont pas focalisés.. Il vaudrait finalement mieux pour les togolais dans ces conditions de traîner avec le démon qu’ils connaissent que l’ange incapable de leur promettre un avenir meilleur.

Le besoin ou la nécessité d’alternance ne devrait pas conduire le pays droit dans le mur. La classe politique togolaise dans son ensemble mériterait une mise à jour. Peut-être verrons-nous à l’horizon 2025 ou 2030, un candidat jeune, avec une expérience professionnelle capable d’identifier les problématiques les plus urgentes du pays, de les mettre en musique et d’apporter une vision et des réponses cohérentes qui permettraient d’élever davantage ce pays qui à l’aune de ses indépendances se réclamait comme la Suisse de l’Afrique. Il est également primordial d’élever le débat. Peut-être aurons-nous l’opportunité d’avoir au Togo des gouvernants plus conscients de ce que gagnerait toute la population (les gouvernants y compris) à vivre décemment. Peut-être aurons-nous des membres de la société civile capables de faire des suggestions à l’endroit des politiques du gouvernement sans craindre pour leur vie et celle de leur famille.

Pour arriver à cet idéal, il faudrait déjà mettre sur pied une consultation publique pour la mise en œuvre de programmes d’éducation et de santé adaptés aux réalités du pays. Aucun candidat n’en a d’ailleurs fait mention. Il faudrait en effet partir de là et former ensuite de jeunes esprits aux choses publiques et politiques pour qu’il y ait un minimum d’éthique et d’équité dans leurs actions. Il faudrait enfin prendre en compte la participation ou sinon la contribution de la main d’œuvre au sein de la diaspora togolaise.

Peut-être aurons-nous cette opportunité au Togo dans les années à venir…oui, peut-être…


Le suicide est réel : 4 leçons tirées de la série 13ReasonsWhy

Depuis un moment je m’intéresse énormément aux sujets relatifs à l’éducation et aux relations humaines. Aujourd’hui, je m’intéresse au suicide ainsi qu’au viol chez les adolescents. J’ai eu le plaisir d’écouter (1) la série 13ReasonsWhy.

Au début, je t’avoue que cela ne m’a guère frappé, mais la suite de la série m’a fait réfléchir. Cette série américaine traite du harcèlement, de la drogue, de l’abus sexuel, du consentement, du suicide, la culture du viol et de la violence dans les lycées.

Dans ce billet, je parle du suicide et du viol. Je considère que les personnes qui passent par cette étape vivent ou ont vécu des événements déclencheurs.

Pour la petite histoire, une lycéenne se suicide après un viol commis sur elle par un camarade de lycée. Le suicide de Hannah déclenche des réactions au sein du lycée Liberty et soulève le problème du laisser-aller des garçons dans les équipes sportives des lycées aux Etats-Unis. Le violeur, Bryce, récidive avec une autre lycéenne, Jessica. Ces malheureux événements créent des frictions entre les élèves, les parents et le personnel du lycée. On remarque un impact négatif sur le comportement des lycéens, qu’ils soient des amis de Hannah et Jessica ou pas.

Je tire 4 leçons de cette série :

  • les institutions scolaires doivent reconsidérer leur rôle auprès des jeunes adolescents

Un certain nombre de personnes et de psychologues mentionne le fait qu’il est important pour la personne suicidaire de se confier à un « adulte de confiance ». Dans un contexte nord-américain, il existe des conseillers dans les lycées qui sont à l’écoute des élèves pour les aider à surmonter des situations de dépression, mais ce n’est pas toujours évident. Par exemple dans la série 13ReasonsWhy, la famille de Hannah este (2) en justice pour situer les responsabilités. Est-ce la faute de l’institution scolaire, du violeur ou encore des amis de Hannah au lycée si elle en est arrivée à se suicider ? Bien entendu, il existe d’autres facteurs très importants, notamment le comportement et la pression des pairs lorsqu’une personne déprime. Le conseiller du lycée, M. Porter, disait au procès que Hannah n’a pas prononcé les mots « viol » ou « suicide » lorsqu’elle se confiait à lui.

Et il ajouta : « si seulement j’avais su qu’elle allait se suicider, j’aurais insisté pour qu’elle ne parte pas et qu’elle vide son sac. Je n’ai fait que suivre le protocole, mais j’aurais dû faire plus. Le protocole du lycée mériterait une mise à jour. »

Mais faut-il blâmer que les institutions scolaires ou les conseillers ?

  • les parents ont un rôle très important à jouer

Les adolescents devraient pouvoir se confier en premier à leurs parents lorsqu’ils ont des problèmes d’addiction ou lorsqu’ils dépriment. Dans le cas de Bryce, accusé de viol dans la série, sa mère fut absente juste avant sa période d’adolescence et son père qui était violent par ailleurs n’a pas su jouer son rôle.

Bryce a grandi dans un environnement où le langage émotionnel était absent, où il obtenait tout ce qu’il demandait aussi bien de son père que de son entourage.

De l’autre côté, on a une jeune lycéenne (Hannah) qui manque d’affection et qui en est à la recherche sans forcément le montrer. Elle se retrouve à une fête de lycéens organisée par Bryce et là, tout a dérapé. Dans cet article, je n’excuse pas le viol, mais la série montre à quel point la défaillance des parents peut impacter le vécu des enfants, leur choix de vie ainsi que leurs relations humaines.

Malgré cette agressivité qu’on pouvait remarquer chez Bryce, un sentiment de honte l’envahi après le procès de Hannah et Jessica.

  • le sentiment de honte chez un.e adolescent.e 

Bryce essayait de changer mais tous les regards l’accusaient et personne n’y croyait. Personne ne lui a demandé, « que t’est-il arrivé pour que tu en arrives à violer ? » ; on lui disait plutôt, « pourquoi es-tu si mauvais et méchant ? ». Les mots ont leur sens, la façon dont on formule les questions également. Quant à Hannah, personne n’a pris la peine de lui demander clairement ce qui lui arrivait, d’autant qu’elle n’arrivait pas à parler de son viol. Elle craignait d’être jugée, elle avait honte d’en parler. Mais comment percer ce sentiment et faire parler un.e adolescent.e qui semble manifestement avoir des choses à confier?

Nous voyons ici deux cas différents : celui d’un violeur qui ne survit pas à la pression et au regard accusateur de la société, voire de ses amis et de son entourage; et celui d’une adolescente qui se suicide après un viol, tous les deux animés par un sentiment de honte. Il est important pour les parents de dire à leurs enfants, « je tiens à toi, fais-moi confiance, tu peux tout me dire, je ne te jugerai pas ». Ce type de phrase peut tout changer et briser la glace auprès des enfants.

  • le changement est à prendre au sérieux par l’entourage

Un adolescent violeur peut-il changer ? Oui, s’il reconnaît qu’il a un problème. Bryce disait, « je n’aime pas ce que je ressens, je veux aller mieux », mais personne ne le croyait. Finalement Bryce perd la vie après cette période de changement dans laquelle il se débattait contre lui-même. Il était jeune et n’était pas écouté au moment où il en avait le plus besoin. Sa fin tragique ne fut pas si différente de celle de Hannah finalement.

Je trouve personnellement cette série très utile malgré toutes les critiques, surtout celle concernant la saison 3 qui humaniserait le violeur Bryce. Cela démontre encore une fois combien les sujets sur le suicide, la culture du viol, la sexualité naissante et la santé mentale des adolescents peuvent susciter autant de réactions dans la société. Cela démontre également que les parents ont un rôle fort important à jouer dans l’éducation et la vie de leurs enfants. Toutes les 40 secondes une personne met fin à ses jours. Le suicide est réel auprès des jeunes adolescents et il est important de prendre au sérieux une personne qui déprime. En Afrique, on considère d’ailleurs qu’une personne qui déprime « n’est pas assez forte », et lorsqu’il s’agit d’un homme, « il n’est pas assez homme ».

Cette image a été réalisée par Irawo dans le cadre de la campagne ‪#‎AntiSuicideSquad.
‪#‎AntiSuicideSquad‬ : Irawo

La dépression est banalisée aussi bien par les parents, les amis que les institutions scolaires. D’ailleurs, dispose-t-on de conseillers dans ces institutions en Afrique ? Probablement oui, mais prend-on au sérieux le fait que les élèves ou les jeunes adolescents aient besoin d’être conseillés, écoutés, suivis ? Valorise-t-on le métier de conseiller psychologue en Afrique ? Il faudra peut-être commencer par là tout en oubliant pas de préciser aux parents d’être plus présents pour leurs enfants. Il est également important de préciser que la pression et le regard des amis ont un fort impact sur une personne qui déprime, qui a peur de demander de l’aide. Dans la série, on se rend compte que c’est un peu la faute à tout le monde si Hannah s’est suicidée. Le suicide n’est pas une solution, mais il existe, il est réel.

Chaque vie compte. La vie a un début et une fin, l’important c’est ce qu’on en fait. Soyons présents pour ceux qui vivent des moments difficiles, ceux qui ont besoin d’être écoutés ; on pourrait sauver une vie.

Ps. Si tu es adolescent.e et tu voudrais suivre la série 13ReasonsWhy, je te prierai de la suivre en famille, avec tes parents ou des adultes. Cela te serait utile d’échanger tout au long de la série et de poser des questions.

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(1) Ecouter une série (français québécois) : suivre/regarder une série.

(2) ester en justice : intenter des actions devant les tribunaux.


Des normes sociales à l’éducation sur le genre

Cette semaine je suis tombé sur une excellente publication de Mikafui Akue que vous pouvez retrouver ici (pour mieux comprendre mes propos, vous devrez lire la publication en question), qui traite des normes sociales, de l’éducation, du genre et de la vie de couple.

Au-delà du débat sur le féminisme, je pense que cette publication pose deux sujets intéressants : le partage des tâches dans la vie de couple (pour les couples qui vivent ensemble surtout), et la considération du rôle de la femme par son homme.

Je trouve important que l’on parle des tâches à réaliser lorsqu’on est en couple. Dans la plupart des familles ou couples, la femme s’occupe de la cuisine, des enfants, des courses etc, et l’homme s’occupe des dépenses du foyer, des factures etc. Au fond, beaucoup d’entre nous ne faisons que reproduire les actes de nos parents, parce qu’on les voyait « faire ». Pour ma part, il est important d’en parler avec son/sa partenaire avant de cohabiter ensemble : oui, en parler. Ce n’est pas un sujet si banal que d’en savoir plus sur la vision que son conjoint/sa conjointe a de la vie en couple et des implications d’une décision de vivre ensemble. Le seul fait d’en discuter permet à chacun de se situer et d’en savoir plus sur l’univers familial de l’autre. Oui, il faut « connaître l’autre », pas seulement se dire « je t’aime, moi non plus ». C’est dommage de voir que beaucoup de jeunes qui disent être en couple ne discutent plus, n’échangent plus sur des sujets touchant la gestion budgétaire, le respect, la vie de famille, le projet de vie, etc. D’ailleurs, Gary Chapman consacre les chapitres 7 et 8 à quelques thèmes dans un livre de poche, « Ce que j’aurais aimé savoir avant de me marier ». Avec moins de 10 euros (moins de 7000 f cfa), vous avez ce livre. Même si vous n’aimez pas lire, je vous conseille de vous procurer ce bijou et de le parcourir progressivement, vous y apprendrez un certain nombre de choses. Et si vous êtes en couple (marié ou pas), c’est encore mieux de le lire à deux.

Le second point (la considération du rôle de la femme par son homme) est encore plus intéressant. En premier lieu, la participation de la femme à l’équilibre du foyer n’est pas perçue de la même façon, selon que l’on soit en Afrique ou en Occident. On suppose en Afrique qu’une femme qui n’a pas une rémunération fixe ne participe « pas assez » à la gestion budgétaire du foyer, alors qu’elle est revendeuse ou couturière et s’occupe généralement des enfants. A côté de cela, elle s’occupe généralement de la cuisine et est capable de contribuer à la popote donnée par son mari pour que « la maison puisse convenablement se porter ». Avec la montée du féminisme, on entend des hommes dire que les femmes ne contribuent pas à 50/50, mais qu’elles veulent s’émanciper.

De mon point de vue, ce n’est pas une contribution de 50% au budget familial qui fait d’une femme « une participatrice » ; elle est déjà une sacrée contributrice, même avec 10% de son revenu dans la balance.

De plus, combien d’hommes aident leur femme en cuisine ? Combien d’hommes apprennent à cuisiner en famille avant de se marier ? Combien prennent sur eux de faire doucher les enfants lorsque la femme est en cuisine ? Là je parle de l’Afrique, même si on ne peut généraliser cela à tous les pays du continent. En Occident, les femmes s’investissent plus financièrement, parce que le contexte n’est pas le même. On n’aura pas besoin de dire à un homme qu’il devra faire doucher les enfants et leur faire à manger lorsque la femme n’est pas encore rentrée. On n’aura pas besoin de lui dire qu’il doit récupérer les enfants à la sortie de l’école. On n’aura pas besoin de lui rappeler qu’il peut faire les courses ou faire la cuisine, parce que le quotidien dans les pays occidentaux oblige les deux partenaires à s’investir. Attention, je ne dis que tout est rose dans la vie de couple en Occident, mais…

Le contexte n’est pas le même, encore moins les réalités sociales.

Vous l’aurez compris. Je fais référence à ce qu’il faut faire en amont pour éviter les problèmes soulevés par Mikafui Akue dans sa publication. Au fond, tous ces problèmes peuvent être réglés par un changement de mentalité.

Il s’agit de commencer par la base : l’éducation des enfants. Ce sera aux futurs parents d’aujourd’hui de rectifier le tir, pas en « disant », mais en « faisant » beaucoup plus. C’est à ce niveau que le livre de Gary Chapman intervient, parce que pour « faire », il faudra au moins « savoir ».

Oui, il s’agit pour les futurs parents que nous sommes de donner le bon exemple, « car les enfants nous verront et nous copieront des années plus tard ». Tant que nous n’aurons pas le cran de passer par cette étape, quelles que soient nos paroles, elles risqueront d’être vaines, et le cercle vicieux sera entretenu. Aux hommes et pères de montrer à quel point ils chérissent la femme, à quel point ils s’investissent dans la vie de couple et la vie quotidienne de famille. Il faut parfois expliquer à son enfant pourquoi en tant que père de famille, on s’investit autant dans les tâches et les activités familiales. Le changement de mentalité dont on parle partira de là. Et dans ce cas précis, regarder son enfant 25 ans plus tard et être fier de ses opinions, de sa manière de traiter sa conjointe/son conjoint et de l’éducation qu’il/qu’elle transmet aux petits enfants est le plus beau cadeau que l’on puisse souhaiter avoir.

Edem Gbétoglo en réflexion sur la vie de couple et l'éducation sur le genre.
Edem Gbétoglo en réflexion sur le sujet.
Photo crédit : Edem Gbétoglo

Souvenons-nous en tant que parents (et futurs parents) que la vie a un début et une fin, l’important c’est ce qu’on en fait. Cette pensée me guide et me permet de prendre conscience de l’importance de l’éducation dans bon nombre de situations. J’espère qu’elle vous sera également utile.


L’importance des relations humaines dans notre vie

Relations humaines, choix de vie, éducation, ce sont des thèmes que j’ai énormément abordés pendant ces douze derniers mois dans mes chroniques publiées régulièrement sur ma page Facebook. Une chose que j’ai apprise lors de ces rédactions est que les relations humaines ne sont pas parfaites et sont en quelque sorte le socle de notre vie. Les choix de vie prennent d’ailleurs parfois en compte les relations humaines. Pendant que certains choisissent d’aller dans une direction donnée (études, emploi, voyages) à cause d’une personne qui compte énormément pour eux, d’autres perdent des personnes importantes de leur vie parce qu’ils ont fait des erreurs ou encore des choix qu’il ne fallait pas faire. Et à côté de tout cela, il existe des relations humaines qui n’ont pas tenu le coup, à cause de quiproquo, d’erreurs ou encore de mauvais choix du passé. Tout ce que je viens de citer résume une partie de notre vie à tous ; on se retrouve forcément quelque part sur l’échiquier lorsqu’on est honnête avec soi-même.

Comme je vous le disais, j’ai abordé un certain nombre de thèmes cette année, pas par pure fantaisie, mais parce qu’avec le temps, il y a des choses fondamentales que j’ai comprises et apprises. J’ai toujours voulu peindre des mots avec des images. Certaines de mes chroniques sont des vécus, d’autres sont juste le fruit de mes échanges avec des groupes d’amis ou encore le fruit d’une réflexion poussée à la sortie d’une salle de cinéma. J’ai la possibilité de créer une histoire en quelques minutes et d’en sortir une leçon de morale, parce que j’aime apprendre de la vie, j’aime découvrir et aller au-delà, j’aime tomber et me relever plus fort, plus prudent, plus sérieux. Et je n’ai fait que cela cette année, « apprendre de la vie ». J’ai fait des « conneries » comme tout le monde.

Nous les appellerons ici « des erreurs ».

J’ai également pris des décisions importantes qui changent et vont changer encore plus le court de ma vie dans les mois à venir. Vous savez, il arrive des moments dans la vie où on se retrouve à des carrefours de décisions et de choix.

Nous nommerons ces carrefours « des périodes charnières ».

J’ai également perdu des personnes qui me sont chères, des amis, des frères, des sœurs… J’ai également compris que l’hypocrisie a une grande place dans les relations humaines. J’apprécie énormément les amis qui me disent spontanément sans que je ne le demande, « Edem, fais attention à ce chemin que tu prends. Je t’ai écrit parce que je pense que tu devrais reconsidérer telle ou telle situation, ou parce que j’ai entendu telle ou telle chose sur ta personne, je voudrais qu’on en discute, etc. » Cela fait plaisir d’avoir des amis ou des relations humaines dans lesquelles on s’inquiète pour vous sans vous juger, des relations dans lesquelles vous serez prêts à dire, « c’est mon pote… c’est mon amie et je lui fais confiance. »

Alors oui, toutes ces petites expériences m’ont poussé à écrire sur les relations humaines, sur le fait que la déception amicale fait parfois beaucoup plus de mal que la déception amoureuse.

J’écris également sur les relations amoureuses depuis un moment, peut-être parce que je suis amoureux, ou peut-être parce que j’ai une personne dans ma vie qui m’inspire énormément, ou encore peut-être parce que j’ai des échanges avec des personnes mariées, et j’aimerais bien en parler à mon entourage ou mon public à travers de petites histoires imagées. Je fais généralement un lien entre les relations humaines et l’éducation. Je pense sincèrement que nous sommes le produit de notre éducation, et nous devenons de meilleures (ou mauvaises) personnes avec nos expériences. William Backus a écrit dans son livre Bien se connaître pour mieux vivre que nos convictions et notre éducation peuvent avoir une influence sur nos relations.

J’ajouterais que nos relations ont également un impact sur nos choix et notre vie. Plus nos relations humaines sont saines, mieux est notre vie.

C’est à nous de nous connaître pour mieux vivre, pour faire des choix plus judicieux, pour mûrir et grandir. Chacun est imparfait, et lorsqu’on perd un amant, une amante, ou encore des amis, on se rend finalement compte que les imperfections sont parfois d’une atroce banalité ; et qu’on aime finalement cette personne malgré ses imperfections, parce que c’est ce qui fait d’elle cette personne que l’on a aimé avoir dans sa vie à un moment donné.

J’aime bien les paroles de la chanson de Corneille, C’est notre année. Je trouve qu’elles sont assez expressives et peuvent permettre à tout un chacun de se motiver encore plus… à faire mieux. Ce sont d’ailleurs des paroles qu’il faut avoir en mémoire tous les jours, pas seulement en fin d’année.

Une relation humaine est comme une bulle de savon, qui peut disparaître lorsque le vent est trop fort. C’est à vous de maintenir la bulle dans sa forme initiale, à votre manière. Et à ceux qui n’y arrivent pas, il arrive des moments où les mots muets se fondent dans le sablier, il arrive des moments où il ne faut plus essayer de tourner la page, il faut tout simplement la tourner. On peut se faire de nouveaux amis, on peut avoir de nouvelles relations dans lesquelles, celle fois-ci, on ferait plus attention à certains détails, on chérirait plus les moments plaisants, on se sentirait meilleur qu’avant malgré ses défauts.

Votre vie peut ressembler à cette lumière parmi les arbres si vous accordez de l'importance aux relations humaines de votre vie.
Crédit photo : Edem Gbetoglo

 

N’oubliez pas de chérir vos souvenirs à chaque moment de votre vie, n’oubliez pas de méditer et de vous parler à vous-même, n’oubliez pas de vous faire confiance, oui, à vous ; et surtout n’oubliez pas que la vie a un début et une fin, l’important c’est ce que vous en faites.